Ziguinchor, gaspillages dans les cérémonies funéraires

Article : Ziguinchor, gaspillages dans les cérémonies funéraires
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20 novembre 2012

Ziguinchor, gaspillages dans les cérémonies funéraires

Quand les funérailles sont devenues plus chères que les mariages et baptêmes.

Les familles éplorées, qui ont perdu l’un des leurs souffrent doublement dans à Ziguinchor. Hormis, la souffrance éprouvée d’avoir perdu son prochain, mais la famille sous le choc fait face à une autre épreuve plus fatidique, c’est la popote des personnes viennent présenter leurs condoléances..

A Ziguinchor, perdre son prochث, est synonymes de dépenses faramineuses. En longueur de journée, la maison funéraire ne désemplit pas de personnes. Et souvent, elles viennent avec des espèces trébuchantes sonnantes pour passer trois ou une dizaine de jour. Et, chaque, ce sont des dizaines de kilogrammes de riz qui est mis dans la marmite.et, sans compter le petit à base de pain. Une situation qui cause d’énormes difficultés à la famille éplorée.

« ce n’était pas du tout facile pour moi, lorsque j’ai perdu mon père, il de cela quelques années. J’ai dépensé plus de 8oo milles pour le déjeuner et le dîner. Et, c’est devenu une obligation. Vous êtes obliges de le faire, sinon, ton image sera à jamais » explique Alpha Diallo habitant du quartier périphérique de la commune de Ziguinchor.

Qui se rappelle « je me rappelle avant qu’on n’enterra mon père, une femme est venue me demander de l’argent pour préparer du déjeuner pour les étrangers alors que mon père n’était même pas mis sous terre. D’autres me demandaient l’argent pour la location des bâches et des chaises ».

Selon notre interlocuteur, les décès sont devenus un moment pour bon nombre de Sénégalais le moment de faire « la fête ». Une fête rythmée de plats ou de mets bien assaisonnés. Et même après  l’inhumation,  beaucoup s’installent définitivement domicile à la maison funéraire jusqu’au quarantième du décès pour les familles musulmanes.

Aminata, se souvient du rappel à  Dieu de sa mère.

« Je suis la seule qui travaille dans ma famille. Avec mon petit commerce, je m’occupais de la famille. Et, j’épargnais de l’argent dans une institution. Mais, lors des funérailles de ma mère, j’ai vide tout mon compte. Et, finalement, je me suis endettée pour pouvoir donner la depense quotidienne », a-t-il dit.

A en croire, Aminata, les cérémonies funéraires ne sont devenues que des gaspillages.

« Moi, je crois que ces sommes dépensées vont rejoindre le défunt ou la défunte dans son tombeau. Ce qui est recommande par notre religion, l’islam c’est juste organiser le septième jour du décès une séance de lecture du Saint Coran . Et le reste, ce ne sont que mondanités », souligne-t-elle.

Cependant la façon de faire des funérailles n’est pas la même selon les ethnies, même si elles pratiquent la même religion.

Par exemple, chez les Mandingues, Diolas, Sarakolés, et autres, cela ne varie la pratique reste la même.

C’est le moment de vider les coffres forts du premier jusqu’au quarantième ou centième jour du décès. Chaque jour que Dieu fait, ce sont des vingtaines de kilogramme de riz qui est bouillie, la marmite ne se repose pas, elle est toujours chaude.

« La mort est inévitable. Mais, la façon de faire des Sénégalais ou de certaines ethnies laisse à désirer. Trop d’argent est dépensé pour rien. Parce que ce sont des actes qui ne servent à rien au défunt. et le Tout Puissant ne récompense pas ces actes. Peut-être, c’est juste pour assurer la nourriture des parents venus de loin ». indique Ousmane un maitre coranique.

« Les gens se fatiguent. Le premier jour suffit seulement pour prier et lire le coran pour le repos de l’âme du défunt. C’est le même constat chez les ibadou rahmanes. Ils limitent tout le même jour pas plus. C’est ça qui est recommande par la religion musulmane ».

Célébrer les funérailles, demande une fortune selon certaines ethnies, c’est le cas des Mancagnes animistes.

Les filles du défunt ou la défunte sont obliges d’immoler des bœufs, le temps que va durer cette fête funéraire qui prend des semaines. A cela, il faut trouver de la collation, composée de vin de palme, boissons alcoolisées , des centaines de litres. Et, c’est une obligation même, la mesure est contraignante, mais la pratiques léguée par les aïeuls.

« Je suis de l’ethnie Mancagne de la Casamance. Il faut avoir beaucoup d’argent pour pouvoir honorer ta famille si toutefois qu’un membre de la famille est décédé. A défaut, tu recevras la colère des génies, ou même trouver la mort. C’est pour quoi, tout Mancagne, que tu le saches ou non, épargne pour parer à d’éventuelle surprise qui pourra survenir dans sa famille », indique Célestin.

Qui étaye son propos « si on n’organise pas de funérailles dignes de ce nom pour sa mère ou son père, on risque de les rejoindre dans les jours qui suivent à l’au-delà. Même en se rendant dans d’autres cérémonies, si tu y manges ou touche même un brin d’allumette tu meurs. Car, tu as reçu la colère des défunts qui  ne sont  pas du tout satisfaits de toi là où ils sont», selon ce jeune Mancagne, étudiant à l’université de Ziguinchor.

C’est pourquoi, le Mancagne tient beaucoup aux funérailles des parents ou proches, poursuit Célestin.

D’âpres Théophile, habitant de Nema, un quartier habité essentiellement par des Mancagnes, « la particularité chez ses parents Mancagnes, une ethnie qui trouve ses origines en Guinee Bissau, chaque proche de la famille participe aux funérailles , soit par une somme d’argent, quelques litres de vin de palme, ou soit une ou deux têtes de porcs. Les plus démunis peuvent participer en donnant comme participation du riz, ou du mil »indique t il.

Cependant, la festivité des funérailles varient d’une famille à l’autre. Chez les Balantes animistes, par contre installes tout au long de la lisière de la frontière Sénégalo-Guinéenne, les funérailles se font sur les biens du défunt ou de la défunte.

« Le grenier est vide. Les bœufs du disparu sont immolés. Et, les jeunes qui portent le deuil, sont charges de la récolte du vin de palme qui sert de collation au étrangers constitués de proches, ou de simples amis », explique Alphonse Mane, Balante converti à l’islam.

Il ajoute, qu’avant l’inhumation, le corps du défunt est enseveli dans un tissu traditionnel qui coute des milliers de francs de notre pauvre monnaie. Non sans revenir sur les contraintes de certaines exigences que l’on doit inéluctablement franchir .

« Etant un musulman, je suis oblige de respecter la tradition léguée par mes anciens, sinon , je serai maudit et par ma famille et par le regrette. Pour dire que le décès est un moment très dur pour les familles surtout démunies en Casamance. Hormis, les pratiques religieuses, suivent les pratiques mondaines. Qui sont devenues une obligation pour toutes les ethnies et religions de tout bord », indique t il.

Pour ce prêcheur musulman, Dieu n’oblige personne à faire quelque chose dont il ne possède pas les moyens de le faire. Tout ce qui est fait après la prière mortuaire, la lecture du Coran, le reste n’est que mondanité.

Même constat dans la religion chrétienne. Selon Abbé Jean Alphonse Coly, interpelé sur la question de gaspillage dans les funérailles, indiquera que « l’Eglise bannie toute forme de gaspillage dans les cérémonies funéraires. Et tout ce qui se passe après l’enterrement, n’est que gaspillages et mondanités qui n’ont n’honorent pas la religion », conclue t il.

Amine Sagna

 

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